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Page:Delarue-Mardrus - La mère et le fils,1925.djvu/70

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la mère et le fils

Et la pauvre créature s’en alla, triste, avec cette réponse.

Irénée se demandait : « Qu’est-ce que je fais ici ? Voilà huit heures et demie. Il ne m’a même pas vu ! D’ailleurs, je ne sais pas si maintenant… »

Juste à ce moment, le cow-boy siffla :

Corne here ! cria-t-il.

Était-ce à lui qu’on s’adressait ? Irénée pâlit un peu.

— Mais dépêchez-vous ! reprit Johny John en mâchant plus brutalement sa gomme. M’avez-vous dit oui ou non, hier, que vous étiez prêt ?

Alors Irénée s’élança. Le bond qu’il fit lui donna la sensation de se ruer vers la destinée, la rude nouvelle destinée offerte par le hasard.

— Me voilà ! dit-il.

— Vous avez vu le travail de cet idiot ?

— Oui.

— Eh bien ! Voilà justement ce que vous devez faire. Il me faut, pour plus tard, deux Cosaques au lieu d’un. D’ici huit jours vous devez être prêt.

Il ne s’attarda même pas à observer l’effet de ses paroles.

— Dick !… Un cheval de voltige.

Irénée sentit une main brusque sur son épaule.

— Ôtez votre veste. Ça gênerait. Vous n’avez pas de culotte de cheval ?… Tant pis pour aujourd’hui. On va vous prêter des jambières.

Quand Irénée fut prêt :

— Allons ! Montez-moi là-dessus, que je voie ce que vous savez faire ! Et dépêchons !

Après son déjeuner, il écrivit, dans un coin de cette crémerie, à la mère Hortense. Il l’informait qu’il avait une nouvelle place, demandait des nouvelles, donnait son adresse poste restante.