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Page:Delarue-Mardrus - La mère et le fils,1925.djvu/74

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la mère et le fils

Le tout est, en matière d’équilibre, d’avoir eu l’énergie de se risquer une première fois.

Le petit regarda Dick, aussi haletant que lui d’avoir couru si fort. Il aurait voulu l’embrasser, maintenant, cette face de martyr obtus que rien ne faisait changer d’expression. N’était-il pas, celui-là, son pauvre frère ? « Moi, je fais ça par orgueil, par anarchie, pour la joie d’avoir choisi ce métier qui m’était défendu. Mais toi, chien battu, tu fais ça sans savoir pourquoi, comme tu mènerais la charrue d’un autre. Tu n’as ni plaisir, ni ambition. Tu obéis à la fatalité, c’est tout ! »

L’entrée de deux chevaux dans le manège, aussitôt montés par un maître écuyer et une jeune mondaine qui venait prendre sa leçon, lui fit voir que la séance était terminée.

— Nous gardons votre cheval ici… dit le palefrenier. M. Johny John a dit comme ça. Vous revenez demain matin ?

— Avant le jour ! s’écria Irénée.

Et les cuisses écartelées et tremblantes, les reins rompus, il se dirigea comme il put dans la rue, du côté de l’autobus, n’ayant plus qu’à rentrer dans son hôtel pour se jeter sur son lit et dormir pendant douze heures.