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Page:Delarue-Mardrus - La mère et le fils,1925.djvu/75

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CHAPITRE VII


P endant ces quelques journées, il vécut de fièvre, de fatigue et d’enthousiasme. Il était projeté si violemment vers le tout proche avenir qu’il en oubliait presque le passé.

Deux fois par jour il allait au manège, le matin et l’après-midi. La terreur de voir apparaître Johny John avec son fouet et son sourire dédaigneux le stimulait encore. Des séances d’une violence inouïe eurent lieu dans la sciure poussiéreuse. Le manège était immense et flanqué de salles de gymnastique. Là, des amateurs prenaient leurs leçons, et quelques professionnels venaient étudier des numéros.

Parfois, en attendant son tour, Irénée allait du côté de ces salles. Une petite pensionnaire anémique, qu’accompagnait son Anglaise, s’exerçait au trapèze, dirigée par M. Bourreau, chef de gymnastique. Ou bien c’était un petit garçon amené par ses parents. Aux timides essais des jeunes bourgeois succédaient sans transition les exercices d’un équilibriste des grands cirques parisiens, lequel luttait avec les difficultés imposées par les exigences du métier.

Le tour qu’il avait en vue devait enrichir son répertoire, usé dans tous les cirques, et qui demandait enfin quelque renouvellement.