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Page:Delarue-Mardrus - La mère et le fils,1925.djvu/95

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CHAPITRE X


L a troupe enfin constituée par Johny John devait partir le 15 mai, sous le nom de cirque J. J., pour la Belgique et la Hollande, en attendant de plus lointains voyages.

Irénée, future étoile, travaillait avec acharnement. Il avait bien compris l’importance de son rôle. L’Américain tenait à lui.

Son succès grandissant eût suffi pour lui montrer qu’il avait quelque chose qui plaisait. Son énergie, sa grâce ne passaient pas inaperçues ni, dans un visage d’enfant, ses beaux yeux chargés de phosphore bleu.

Il avait depuis trois mois reçu quelques lettres d’amour. Comme il était dédaigneux et pris par son rude labeur, il n’y répondait pas. Cependant ces lettres contribuaient à lui donner de l’assurance. Il ne craignit pas, sur le point d’entreprendre un si long voyage, de demander à Johny John quelques jours de congé pour aller voir sa mère. Une semaine nouvelle commençait ; il était facile d’établir sans lui le programme des soirées.

— Allez-y !… dit le cow-boy après s’être fait bien prier. Et n’oubliez pas de rapporter vos papiers, à cause du passeport.

Et, cette fois encore, Irénée projeta d’arriver à l’improviste dans la vieille maison familiale.