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parc d’Alvaro, quand apparut la maison menue et gracieuse, si bienveillante avec ses volets ouverts et sa garniture de feuilles, quand le jardinier et sa femme, debout sur le perron, saluèrent en descendant d’un pas et que le chien aboya dans sa niche lointaine, Harlingues, le cœur empoigné par une joie adolescente, eut la sensation nette qu’il faisait son voyage de noces.

Oh ! cette cloison étanche qui le séparait des impressions de sa compagne ! Il cherchait son visage pour y lire quelque chose. Il ne trouva que le bord de son feutre rabattu sur un œil.

— Bonjour, m’sieu et dame !… « dit le couple jardinier quand l’auto s’arrêta.

Le sculpteur tendit la main en levant son chapeau. Mrs Backeray tendit la main aussi.

« Pas fiers !… » exprimèrent les yeux heureux de l’homme et de la femme.

Ils n’étaient plus jeunes, grisonnants tous deux, avaient mis leurs vêtements du dimanche, restaient rustiques malgré cela, d’un autre âge et d’un autre style que la domesticité moderne.

Le remue-ménage de l’arrivée parut s’organiser vite. Les bagages, enlevés par le jardinier et le chauffeur, disparurent dans la maison. Les nouveaux arrivants les suivirent, escortés par la gardienne.

L’élégance et le sybaritisme d’Alvaro se respiraient dès le seuil. D’instinct, le sculpteur et l’Anglaise commencèrent par un coup d’œil à toutes les pièces : le salon, la salle à manger et l’office du bas, les deux chambres et la salle de bain du haut.

Campagnarde et luxueuse était cette demeure arrangée dans le goût contemporain, lequel mêle volontiers les styles anciens, principalement celui du xviiie siècle, avec les dernières audaces des décorateurs à la mode.