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— Ah ! voilà le garage ? En effet, ça peut très bien servir d’atelier.

Harlingues, très animé, mesure de l’œil, touche les murs, fait de grands pas pour compter les mètres. Il se voit déjà travaillant là. Cette caisse vide servira de cuve pour la glaise. On la mettra dans la fosse. La lumière est bonne, et, le soir, avec l’électricité, ce sera parfait encore. En attendant l’arrivée du bloc de marbre commandé pour la fontaine, il pourra faire une ou deux petites choses. Sa terre n’est pas encore expédiée. Il ne l’aura que dans quelques jours.

— Monsieur veut voir la cave ?

Il a de la peine à s’arracher. Ce garage, il l’a, d’avance, rempli de son travail.

Trois marches descendent à la cave, obscure caverne creusée sous la maison, derrière ces buissons. Un instant se dessine, cauchemar, la silhouette de Mary Backeray parmi ces grandes orgues de verre : trois cents bouteilles étagées jusqu’au haut de la voûte. Un foudre et deux tonneaux forment le fond.

— Allons voir autre chose… dit Harlingues.

— Il n’y a plus que le petit canot, monsieur, du côté de la pièce d’eau.

— Il y a un petit canot ? Nous ne l’avions pas vu !

— C’est qu’il est rentré. Mais on peut le sortir très facilement.

Dans un appentis bien caché sous les feuillages, le bateau minuscule et ses rames, joujoux coloriés, semblent enthousiasmer madame.

— Mettons-le sur l’eau, Gilbert !

Ils jouèrent avec ce bateau, parmi les nénuphars. En trois coups d’aviron, le tour du lac était fait. Il avait fallu