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rédalga

renchaîner le chien qui prétendait monter à bord avec eux.

— Je souis chaud !… soupira Rédalga quand ce fut fini.

Elle regarda du côté du soleil, coup d’œil expert de terrienne qui connaît l’heure d’après la lumière.

Now, I want my tea.

— Ah !… c’est vrai, dit Harlingues. Votre thé… Venez avec moi !

Enfermés dans sa chambre à lui, la scène quotidienne des derniers jours de Paris se renouvelle.

— Un seul verre, chérie ! Un seul verre !

Le porto tiré de sa caisse, au fond de l’armoire, les biscuits disposés, le goûter s’organise. Mais Mrs Backeray semble, à la campagne, avoir perdu de sa docilité.

I want some more ! (J’en veux plus) prononce sa voix sombrée tandis qu’elle tend son verre déjà vide.

Harlingues la menace tendrement, un doigt près du nez.

— C’est parce que je t’aime ! En voilà encore un demi-verre.

Mais, en révolte, elle tape du pied. — I want the glass full ! (Je veux le verre plein).

— Ah ! Ah ?… dit Harlingues. Mais je ne te céderai pas, ma chérie !

Comme, ayant posé son verre, elle empoignait la bouteille, il la lui fit lâcher, forcément un peu brutal.

Il vit dans ses yeux comme un regard de haine,

— Voyons, mon amour !…

Cette figure barrée lui faisait peur. Il la prit aux épaules pour l’embrasser, la câliner, la calmer. Elle le repoussa si durement qu’il faillit tomber.

C’était la lutte, et plus dramatique qu’il ne l’avait prévue, leur azur subitement envahi par un nuage de ténèbres. Et ne pouvoir rien dire !

— Rédalga, écoute ! Écoute !… C’est parce que I love