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rédalga

de ne penser qu’à son travail. Aujourd’hui, pas de pose. Ils resteraient tous deux au parc ou bien iraient faire une belle promenade. Il ne fallait pas exagérer. Il n’avait pas emmené Rédalga loin de Paris pour la rendre malheureuse. Elle souffrait déjà trop par ailleurs.

Dès qu’ils se furent levés de table, vers une heure et demie :

To day, ne studio… déclara-t-il.

Et, des bras et de la tête, il indiquait : « dehors ! »

Elle y fut avec lui, sans joie. Ils détachèrent le chien éperdu de bonheur. Mais à peine Mary Backeray sembla-t-elle remarquer sa présence joyeuse.

— Bateau ?… Boat ? … proposa Jude.

Elle fit non de la tête. Rien ne l’amusait plus.

Il y eut le tour des allées ; puis ils s’installèrent dans l’herbe, séchée par toute une belle nuit.

Avec ses doigts, Jude imita le tressage d’une couronne de fleurs. La tête secouée répondit encore non.

— Mais si !… Fabriques-en une autre. Ça servira pour la pose !

Il dut longtemps faire le pitre avant qu’elle devinât ce qu’il voulait dire.

— Oh !… I see !

Et, docilement, elle alla cueillir les fleurs.

— Pauvre chérie, va ! Tu me fais tant de peine !… dit-il quand elle revint s’asseoir pour se mettre à l’ouvrage. C’est donc si dur que ça de ne plus boire ?… Mais attends seulement huit jours, et tu verras que ça ira bien mieux !

Couché dans l’herbe, le menton dans les poings, il la regardait, persuasif, tendre, et son âme devait lui sortir des yeux.

— C’est pour ton bien, malheureuse ! Je te sauve, en ce moment ! Je te sauve comme je me l’étais juré. Tu ne sais donc pas combien je t’aime ?…

Pas de réponse, hélas ! jamais de réponse. Elle était le