Page:Delarue-Mardrus - Rédalga, 1931.djvu/154

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
154
rédalga

personnage ensorcelé des légendes, inaccessible aux paroles, changée en pierre par le mauvais magicien.

Il contempla tristement ses mains qui remuaient sur les fleurs dans un peu de soleil et d’ombre. Le chien, étendu près d’elle, ne souffrait pas, lui, de ne pouvoir lui parler. Il la sentait respirer près de lui, dans la douceur d’un beau jour. Il était heureux.

« Comme les humains compliquent tout avec leurs besoins de mots !… » pensait l’artiste.

Et, là-dessus, comme quand il était seul, son esprit vagabonda.

Finished !… annonça tout à coup Régalda.

Tiré d’un songe, Harlingues lui sourit.

Let us go and work !… continua-t-elle en se levant.

Elle allait vers le garage, suivie du chien. Jude se leva pour la suivre aussi, sans savoir ce qu’elle avait dit.

Il la vit entrer dans l’atelier de fortune. Il crut qu’elle voulait ranger la couronne. Mais elle la disposa sur sa tête et s’assit, reprenant la pose. Généreuse, elle lui faisait cadeau de cette journée de plein air et de flânerie dans l’herbe.

« Chérie ! » murmura-t-il en lui embrassant les mains.

Le chien s’installa, tranquille, au pied de la chaise. Avec un frémissement de plaisir, Harlingues démaillotait déjà son modelage.