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XXII

 eule chose restée claire dans toute cette histoire obscure : la coupable avait eu peur, et désormais, elle craignait son amant.

Il le voyait sans cesse à de petits signes, et ne s’en félicitait qu’avec un serrement de cœur. Il n’eût, entre eux, voulu que de la tendresse. Pour toujours était restée fixée dans son regard l’image de sa Rédalga terrorisée parmi les oreillers, toute pareille, il ne pouvait s’empêcher de le croire, à celle vue par le lord anglais quand il l’avait maltraitée pour la publication de ses premiers vers.

« Elle doit avoir une haute idée du masculin ! » se disait-il, désespéré.

Son jumelage avec le mari monstrueux le rendait fou quand il y pensait.

Une autre idée le torturait : « Elle aurait été plus heureuse avec Rodrigo. »

Il se demanda longtemps s’il n’avait pas tort de la vouloir autrement qu’il ne l’avait trouvée. Il avait commencé cet amour en hésitant ; aujourd’hui, cœur et sens, tout était pris. Une fois de plus, ivre d’obstination : « Je la sauverai ! » se répétait-il.