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rédalga

Alvaro reparti, la nuit passée, Jude en attaquant son travail, seul dans la lumière du matin, se surprit fronçant les sourcils.

« Trop heureuse ! Cela voudrait-il dire que je lui ai coupé les ailes ? »

Il se fit de la peine avec cette pensée, durement, jusqu’à la minute où, vers onze heures et demie, Rédalga parut sous la véranda. Reposée, paisible, presque fraîche, une rose dans les mains, elle semblait, dans son coup de soleil, si renouvelée, tellement heureuse, en effet, que la pensée du sculpteur fit brusquement volte-face. L’égoïsme masculin — conjugal — ne demandait pas mieux.

« Après tout, si elle ne doit jamais plus écrire de poèmes, conclut-il, elle a ses trois livres qui sont là. Sa poésie, pour moi, qu’est-ce que c’est ? Néant. Elle ne privera que l’Angleterre et ceux qui lisent couramment l’anglais. Notre bonheur, pour finir, c’est peut-être, encore plus beau que des vers.