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rédalga

ça du jour au lendemain ? Et d’abord, continua-t-il avec sa pénétration coutumière, comment t’arrangerais-tu maintenant, à Paris ?

— Je voulais justement te dire deux mots à ce sujet, Alvaro. Je t’en parlerai tout à l’heure.

Il leur fallut enfin rentrer à la maison. Alvaro, prié de jouer, s’assit au piano. Puis, il revint causer autour du feu. Les cigarettes s’allumèrent.

Et, quand Rédalga monta se préparer pour le dîner :

— Puisque lady Mary n’est plus là, cher, dépêche-toi de me mettre au courant. Du reste, je crois que je devine.

Et longuement, Harlingues parla des projets encore ignorés de sa compagne.

— Tu as raison. Tu ne trouveras jamais une femme comme elle. C’est une grande artiste, je puis te l’affirmer. Tu verras, quand vous pourrez échanger vos idées ! Mais allons au plus pressé. Tâche de venir un jour seul à Paris. Nous nous débrouillerons ensemble pour les papiers. Moi je vais habilement la questionner à table, sans en avoir l’air, tu n’en doutes pas…

Ils avaient dîné au champagne, grande exception enfin accordée par Harlingues sur l’insistance de son ami.

— Le champagne, c’est à peine de l’alcool. D’ailleurs, je te promets qu’il n’y aura ni vins ni liqueurs.

Et ce fut devant le premier feu de Bengale. Ils étaient peut-être un peu gris tous les trois.

— Regarde ! Regarde ! criait Alvaro. Que c’est beau, cher ! Tu es le plus grand sculpteur de notre époque !

Emmitouflée et silencieuse, Rédalga tout à coup parla.