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rédalga

gues avait mis son plus beau complet. Rédalga son chandail et son cache-nez neufs. Un mince coup de soleil réchauffait le parc humide où les destructions de l’automne s’en allaient en pourriture.

Tout le monde guetta le visage de l’arrivant, sa première exclamation.

— Oh ! quelle merveille !

Alors, autour du petit chef-d’œuvre, se déroula la guirlande des paroles. Harlingues avait sa tête de côté, Rédalga battait des mains. Comme à l’atelier devant l’ébauche, Alvaro voulut embrasser son ami.

La nuit tombait qu’ils étaient encore là tous trois à écouter le chant d’oiseau du filet d’eau versée tranquillement et pour toujours dans le bassin de marbre.

— Viens, maintenant, voir quelque chose dans le garage, dit Jude.

C’était le moulage de plâtre réduit la veille en miettes par Samadel. Une larme alluma les petits yeux en grains de café.

— Et dire que tu te faisais scrupule d’habiter chez moi, mon grand ! Jamais je ne pourrai reconnaître ce que tu me donnes !

— Nous avons été si heureux, ici… fit mélancoliquement le sculpteur.

— Mais j’espère que vous y serez encore heureux longtemps ! Ce n’est pas parce que la fontaine est finie que vous allez partir, je pense ? Si tu aimes ma maison, restes-y tant qu’il te plaira, tout l’hiver et tout le printemps si tu veux. C’est un honneur pour moi que de t’y héberger, tu le sais !

— Oh ! Alvaro !…

Le soupir délivré de Jude remplaça tout ce qu’il ne dit pas.

Alvaro fut indigné :

— Alors tu pensais que la porte allait se refermer comme