Page:Delarue-Mardrus - Rédalga, 1931.djvu/38

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


J
V

 ude n’avait pu s’empêcher, naturellement, de faire la maquette de cette fontaine. Une autre idée aujourd’hui, lui étant venue, il se mit en demeure de l’exécuter.

C’était une de ces périodes où personne ne venait le voir. Il ne les détestait pas. La solitude et le tohu-bohu l’inspiraient. Gêné dans ses gestes par l’encombrement de son taudis, sans témoins pour assister à ses véhémences, il était bien. Pêcher en eau trouble est quelquefois ce qu’il y a de plus favorable quand on travaille.

Penché sur sa cuve, à pleines mains il prenait l’argile grise, déjà verdie d’avoir tant servi, couleur et mollesse de vase. C’est celle avec laquelle on travaille le mieux. Il semble qu’elle se soit accoutumée à prendre forme et qu’elle se modèle tout seule sous les doigts.

Dans cette cuve, il y avait la substance même de la Grande Initiée, de la Vierge du Nord, des deux allégories. Arrachées par morceaux et précipitées là-dedans, elles étaient, après le moulage, retournées au néant fécond d’où sortiraient, pétries avec la même matière, des œuvres nouvelles.