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rédalga

Il y avait, peut-être, un désespoir derrière sa conduite ? Le peu de paroles dites par elle dans l’atelier prouvaient qu’elle n’était pas une simple roulure de cabaret. Elle avait une éducation. Rien, dans ses manières, n’était vulgaire, malgré les petits verres.

« Et puis, quoi ?… C’est une femme ! »

Il se surprit prononçant tout haut cela.

Maintenant il comprenait qu’il avait eu simplement honte, peut-être : honte pour la corporation masculine tout entière.

« Tiens !… Après tout, j’ai bien fait de ne rien dire ! »

Et, mécontent, obscur, il donnait dans sa glaise des coups de poings violents qui n’avaient sans doute pas absolument toute leur raison d’être.

Au bout d’une heure, son esprit avait vagabondé, fait le tour du monde et même de l’univers.

Plus rien ne lui restait de sa mauvaise humeur.

Mais haletant et les cheveux trempés, long effort et chaleur de juillet, il vivait les minutes sacrées où le sculpteur sent, de tout son toucher électrisé par le travail, le frisson même de la vie commencer à naître sous ses doigts.