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VIII

 l avait dû la froisser en quelque chose, parmi les tâtonnements et les ânonnements de leur langage insensé. Vainement attendit-il sa visite, le lendemain.

Cependant, cette attente intriguée l’avait aidé toute la journée à travailler. L’impression qu’il pouvait être, d’une minute à l’autre, dérangé par elle, lui donnait une fièvre salutaire. Autour de l’ébauche, il avait retrouvé son génie.

En rentrant chez lui plus tard encore que d’ordinaire, il se sentait un peu vexé, dans tous les cas « bien attrapé ».

— Suis-je bête, se disait-il en montant l’escalier. Voilà que je me mets de mauvaise humeur pour cette bonne femme-là, maintenant !

Il projeta de lire après son dîner pour n’y plus penser, ou de se coucher dès la dernière bouchée.

Mais il fit autre chose, même avant de se mettre à table. Car, sur son assiette, en évidence, il y avait une lettre, et cette lettre était de Rodrigo.

Cher monsieur Harlingues,

Ne sovez pas trop étonné de cette lettre. Je ne peux pas ne pas l’écrire, étant trop exalté. J’ai pensé que c’était à vous plutôt qu’au terrible Alvaro qu’il fallait raconter ce que