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Rouen

collines qu’un reste de vert coiffe encore, et aussi les ponts, dont celui à transbordeur, fausse limite au-delà de laquelle le port recommence pendant des kilomètres.

Le pont Corneille, avec sa haute statue dans l’île Lacroix, affirme l’orgueil de Rouen pour son grand homme. Pourtant, je me souviens de ce vieux cocher d’avant-guerre qui, jadis, se mit à rire avec tant d’ironie lorsque je lui demandai, tandis que son fiacre me cahotait :

— Qu’est-ce que c’était que Corneille ?

— Parbleu, me répondit-il, c’est celui qui a fait le pont !

Les fiacres ne sont plus. De nos jours, on n’a pas le temps matériel de poser des questions aux chauffeurs de taxis. Mais je me demande, eux, ce qu’ils répondraient…

Certes, le Rouen des quais respire fort, surtout la nuit.

C’est l’heure où les sifflets et les trépidations deviennent apocalyptiques. Des trains entiers aux locomotives essoufflées circulent alors à n’en plus finir, chargeant ou, déchargeant on ne sait quoi de colossal. On finit par s’endormir à ce