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fille. J’ai répondu : « Sais pas. » Ils ont dit : « Va demander à ton père. » Et je suis descendue toute seule dans les escaliers, pour poser la question. Arrivée à notre porte, j’ai cogné, appelé, car la sonnette est trop haute. Ma bonne est venue m’ouvrir, tout effrayée. Mais je ne me suis pas arrêtée. J’ai couru, essoufflée, jusqu’au salon. Maman était au piano, et papa assis tout près d’elle. J’ai crié, dans mon langage d’alors :

— T’est-ce-t-il est, Toutoune, papa ? Une fille ou un narçon ? Les petits l’amis savent pas, et moi sais pas.

Papa et maman ont beaucoup ri. Papa m’a prise dans ses jambes. Il me regardait de tout près, d’un air si sérieux que j’avais peur. J’ai encore peur de papa maintenant. Il se moque de moi et me taquine.

Il m’a dit :

— Tu diras à tes petits l’amis que tu es un garçon encore pour trois ans, et que, dans trois ans, tu seras une fille.

J’étais déjà dans l’escalier. Je suis remon-