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broderie. Il les lui fallait tout de suite. N’avait-elle pas vu maman broder, à Paris ?

Chaque matin, malgré toutes oppositions, elle prenait son tub dans le bain de siège de la grand’tante ; depuis qu’il faisait moins froid, elle avait forcé la nourrice à la servir dans la salle à manger, à mettre une nappe sur la table, à dresser coquettement le couvert. Chaque jour, elle composait elle-même le petit bouquet qui fleurissait ses repas solitaires. Il faut bien, quand on est abandonnée, se raccrocher à quelque chose.

Toutoune était née courageuse. À défaut de la chère présence réelle, son instinct lui disait qu’il fallait, comme un trésor sacré, conserver les paroles du court enseignement maternel, qu’il fallait les suivre point par point, jalousement.

— Comme cela, je suis encore un tout petit peu à Paris…

Heureuse de voir la pauvre gamine s’amuser de ces changements, la nourrice cédait à tous les caprices nouveaux, bien qu’en