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Page:Delarue-Mardrus - Toutoune et son amour.pdf/26

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dirigeaient les absents, les parents coupables qui n’aimaient pas leur enfant parce qu’ils étaient trop amoureux, parce qu’ils préféraient leurs plaisirs, leurs voyages, leurs bals, le mouvement, la mondanité.

Charlotte Villeroy, le nez dans les larmes, a fermé ses yeux gonflés. Dormir, c’est bon, quand on a gros cœur.

La veilleuse, dont la toute petite flamme bouge toujours dans son huile, balance des fantômes lents à travers la chambre campagnarde qui sent un peu le champignon. Les grillons du dehors remplissent la nuit, gorgée des senteurs du dernier foin. Une vache meugle loin, dans les herbages. La grosse horloge d’en bas sonne quelque chose.

Et, roulée dans sa chemise de nuit enfantine, la pauvre Toutoune, jeune chien sans maître, s’endort enfin parmi ses cheveux et ses larmes, profondément.