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VII

Conversation entre Ludivine et Delphin, quelques jours plus tard. Ils sont seuls dans la cuisine, elle rangeant la vaisselle, lui pelant des pommes de terre. Les yeux moqueurs de la fillette cherchent ceux du garçon, qui baisse la tête. Elle a son ricanement provocant, et des gestes nerveux. Ce qu’elle veut, avec la perversité commune à beaucoup de filles de la ville, c’est arriver à faire dire au petit, malgré lui, ce qu’il pense. La méthode employée dans ce cas est parfaitement socratique. Dans le populaire on appelle cela « tirer les vers du nez ». Et les Normandes, sur ce point, sont extrêmement fortes.

Ludivine procède donc par questions, avec un air détaché qui dissimule très bien l’émotion qui se cache derrière sa taquinerie. Après toute une série de paroles railleuses :

— Allons !… Découvre un peu la racine, gas ! T’es pas heureux, chez nous, hein ?