— Tu l’appelleras toujours pas m’sieu Lauderin quand y s’ra ton gendre, je pense ?…
Surpris d’être ainsi remis à sa place, le fiancé regarda sournoisement la petite.
— Allons, Pierrot !… dit-elle. Ouste ! Faut reprendre la rade de vot’débit ! Y a déjà plus d’un quart d’heure que nous devrions être à table !
Et le cafetier, se levant aussitôt, sentit que c’était maintenant à son tour d’être le chien.
Une petite rougeur était montée à ses joues trop blanches. Ludivine, en l’humiliant, l’affolait du même coup. Il y a des êtres qui aiment à être battus.
— Je pourrai revenir demain ?… demanda-t-il, toute arrogance tombée.
Elle parut hésiter une seconde. Puis :
— V’nez toujours, accorda-t-elle. Si j’suis là, vous l’voirez bien !
Et ce fut sur ces aimables paroles qu’il se retira, peut-être un peu moins sûr de lui qu’au début de cette première visite de fiançailles, mais plus grisé que jamais.