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XIII

La rive honfleuraise s’effaçait tandis que la havraise se faisait plus distincte. Ludivine, assise en première classe avec son petit frère, ne songeait même pas, tout occupée par ses songes, à regarder les voyageurs de la petite traversée, ni la matinale mer d’huile autour du vieux vapeur noir. Cependant, si blonde et si fine dans son joli costume neuf, sous un chapeau réussi, l’adolescente aux yeux merveilleux suscitait l’intérêt des quelques personnes installées comme elle à l’arrière. Ce n’était pas son monde. Ces gens-là ne connaissaient ni son nom ni son histoire. Ils la trouvaient jolie, et c’est tout.

— J’en finirons donc jamais ?… murmura-t-elle enfin.

Pour la première fois elle était pressée d’arriver au Havre. Elle y était allée bien des fois déjà, mais toujours sans plaisir.

Une vieille rancune qui date de François Ier a laissé vivre une