chaise, dans un café ?… D’abord, vous n’avez qu’à le r’gâder, avec sa vieuille tête de ver blanc ! Il a tout de l’imbécile. Ça peut-y parler des choses de la mer, ça ?… Ça avait les sangs tournés rien qu’à l’idée d’monter en bateau. Ça fait l’finaud, tenez, et ça va tout à l’heure avoir mal au cœur comme un cochon qu’ça est !
Elle se montait ; la voix de tête commençait. Et, déclaration de principes, elle venait d’arracher son chapeau.
Heureuse d’insulter, d’humilier Lauderin devant son subordonné :
— Vous avez voulu nous faire rigoler !… poursuivit-elle. N’ayez crainte ! J’allons rigoler ! Attendez seul’ment l’banc d’Amphar, et, quand j’aurons l’nez dans la plume, vous voirez si vous n’faites pas vœu à Notre-Dame-de-Grâce pour vous sauver du mal de mé !
Un peu de rouge montait aux pommettes de l’imprudent. La mère Bucaille, Maurice, Armand, le père La Limande, essayaient de s’intéresser au sillage de la barque, aux voiles, à l’horizon. Mais la petite harpie continuait, forcenée. Et quand la barque, selon ses prévisions se mit à danser quelque peu, collant ses paumes à ses hanches, vraie petite poissarde malgré son tailleur à la mode, elle fit entendre des éclats de rire diaboliques, car la figure de Lauderin, néfastement, devenait verte, tandis que son sourire crispé disparaissait progressivement.
— Ah !… criait-elle, ah ! j’en suis courbée !… R’gâdez-le qui va tourner de l’œil, à c’t’heure !
Lauderin fit un grand effort pour se redresser. Il regarda le père La Limande avec une autorité pleine d’angoisse.
— Rentrons ! dit-il.
— Bien, m’sieu Lauderin !
— Vous voulez rire ? s’exclama Ludivine. Moi, j’veux qu’on continue !
Mais, comme il n’est rien comme le mal de mer pour tuer les