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— Pourquoi ne vous mettez-vous pas de poudre ?… demandait celle-ci. Pourquoi votre fiancé ne vous a-t-il pas encore fait cadeau d’un flacon de parfum ?

Mais, aller jusque-là, la petite barbare ne pouvait s’y résoudre. De la poudre sur ses joues salées, des parfums sur son corps de jeune sirène, c’était trop lui demander. Elle trouvait déjà suffisamment comique d’être habillée comme elle l’était, après des années en cheveux et en tablier bleu.

— Nous dinons tous ensemble, ce soir ! annonça Lauderin.

Et quand ils furent tous les quatre à table, parmi les dorures du Grand Café Maritime, la conversation se fit aussi oiseuse qu’animée.

Quelques exclamations et réflexions sur la chaleur amenèrent :

— Quelles belles promenades nous allons faire ensemble en voiture !

— J’irons aussi en mer ! fit intentionnellement Ludivine.

— En mer ?… se récria la belle-sœur. Jamais de la vie ! Ça me fait peur, et ça me rend malade, moi !

C’était tout ce que la jeune fille voulait savoir.

Un éclair dans les yeux, elle entrevit la possibilité, vague encore, de rencontrer une seconde fois Delphin dans la baie. Il fallait étudier la question. Elle aurait toute sa nuit pour cela. Vite elle s’exclama :

— Moi j’adore courî l’flot ! J’y r’tournerai bientôt !

— Eh ben !… dit Lauderin, je ne me suis pas si mal tenu, l’autre jour, pour quelqu’un qui n’a pas le pied marin ! En somme, il n’y a pas eu d’accident grave…

L’œil de Ludivine l’inquiéta :

— Je crois que je m’y ferais comme un autre !… conclut-il en baissant le ton.

Puis, changeant brusquement de sujet :

— Et Paris ?… Qu’est-ce que vous nous en dites, les enfants ?