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Tout étant ainsi préparé, Ludivine se demande par quelle malchance elle manquerait cette rencontre en pleine mer, la seule qu’elle puisse essayer, maintenant.

Pendant près d’une demi-heure, elle pourra, protégée par quelque anfractuosité, parler à celui qu’elle aime, et combiner avec lui, peut-être, quelque aventure plus audacieuse encore. Et, s’ils s’embrassent entre les paroles, ce ne sera certes pas la première fois que la marée, en remontant sur le Ratier, engloutira le souvenir d’autres amours que celles des oiseaux de mer et des bêtes marines.

Le petit jour paraissait.

Sûre, maintenant, de réussir dans sa périlleuse entreprise, la petite Bucaille, épuisée, s’endormit enfin, répétant par trois fois ce mot qui représentait pour elle tant de risque et tant de joie : « Dimanche !… Dimanche !… Dimanche !… »


✽ ✽

Le lendemain, qui était un mercredi, joyeuse et perverse, elle embrassa Lauderin, dès qu’elle le vit, sur sa moustache rousse.

Il venait la prier de venir voir déballer par Mme Jules Lauderin les merveilles apportées de Paris.

Il fut si troublé du bel accueil qui venait de lui être fait qu’il accepta de repartir sans sa fiancée. Elle devait le rejoindre dans une demi-heure, ayant quelque besogne à terminer au logis. Et C’est ainsi qu’elle put tranquillement porter à la poste la lettre qu’elle envoyait à Delphin.

L’après-midi se passa dans les beaux chiffons et les essayages. Il fut longtemps parlé de la robe de mariée, du voile et des fleurs d’oranger. Le sourire de Ludivine enchantait les Parisiens. Le dîner fut aussi gai que celui de la veille.

Le jeudi, promenade en voiture. Le vendredi, visite au chantier