Vente est la continuation de l’association des Illuminés, « qui a pris successivement, selon les circonstances et les besoins du temps, les dénominations de Tugendbund, de Burschenschaft, etc. » Assurément, personne n’a pu être mieux informé que lui.
Les sociétés secrètes de l’Illuminisme et de la Haute-Vente se sont-elles perpétuées jusqu’à nos jours après avoir pris d’autres formes et sous de nouveaux noms ? Qui pourrait le dire, même parmi les francs-maçons, même parmi les Grands-Orients ? Mais, comme on pourra s’en assurer, ce qui se passe sous nos yeux est évidemment la continuation de ce qui a été fait dans les deux périodes précédentes.
Avant d’entrer dans le récit des agissements de la Haute-Vente, nous devons la faire mieux connaître.
La Haute-Vente ne fut composée que de quarante membres, tous cachés, dans la correspondance qu’ils échangeaient entre eux, sous des pseudonymes. « Par respect pour de hautes convenances, dit Crétineau-Joly, nous ne voulons pas violer ces pseudonymes, que protège aujourd’hui le repentir ou la tombe. L’histoire sera peut-être un jour moins indulgente que l’Église. »
C’est que ces conjurés étaient pour la plupart l’élite du patriciat romain par la naissance et la richesse, et celle du Carbonarisme par le talent et la haine antireligieuse. Quelques-uns, comme on le verra, étaient Juifs. Il était nécessaire que la Juiverie fût représentée parmi eux. Eckert, Gougenot-Desmousseaux, d’Israëli, sont d’accord pour affirmer que les Juifs sont les vrais inspirateurs de tout ce que la franc-maçonnerie conçoit et exécute, et qu’ils sont toujours en majorité dans le Conseil supérieur des sociétés secrètes.