Page:Delassus - La conjuration antichrétienne - Tome 2.djvu/31

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Le chef des quarante avait pris nom Nubius, l’homme des ténèbres et du mystère. C’était un grand seigneur, occupant à Rome une haute situation dans la diplomatie, ce qui le mettait en rapports avec les cardinaux et toute l’aristocratie romaine.

Lorsque la création de la Haute-Vente fut décidée par le suprême Conseil, il était tout désigné pour en prendre la direction. Il n’avait pas encore atteint sa trentième année, et déjà les Loges d’Italie, de France et d’Allemagne le savaient destiné à de grandes choses. « Il est ici, et il est là, dit Crétineau-Joly, tempérant ou réchauffant le zèle, organisant, en chaque lieu, un complot permanent contre le Saint-Siège, tantôt sous un vocable, tantôt sous un autre. » La mission spéciale que le Conseil suprême voulait confier à la Haute-Vente, était précisément de préparer l’assaut final à donner au Souverain Pontificat. Nubius avait témoigné avoir compris que la Franc-Maçonnerie n’est autre chose que la contre-Église, l’Église de Satan, et que, pour la faire triompher de l’Église de Dieu, il fallait attaquer celle-ci à la tête. C’est ce qui avait fait porter les vues sur lui pour les desseins que l’on méditait.

Voici le portrait qu’en fait Crétineau-Joly :

« Nubius a reçu du Ciel tous les dons qui créent le prestige autour de soi. Il est beau, riche, éloquent, prodigue de son or comme de sa vie ; il a des clients et des flatteurs. Il est dans l’âge des imprudences et des exaltations, mais il impose à sa tête et à son cœur un tel rôle d’hypocrisie et d’audace, mais il le joue avec une si profonde habileté, qu’aujourd'hui, quand tous les ressorts qu’il faisait mouvoir lui ont échappé l’un après l’autre, on se prend encore à s’effrayer de l’art infernal développé par cet homme dans sa lutte avec la foi du peuple. À lui seul,