Page:Delassus - La conjuration antichrétienne - Tome 2.djvu/34

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ils ne sont que quarante, mais choisis parmi les plus intelligents, les plus astucieux, les plus en situation d’exercer, non seulement dans le monde maçonnique, mais dans le « monde profane », l’influence la plus puissante et la plus étendue. Discutés et triés sur le volet, il ne leur est pas permis de décliner la périlleuse mission qu’on leur donne. Initiés, ils sont condamnés à s’envelopper de mystère, et l’abnégation la plus absolue leur est imposée. « Le succès de notre œuvre, dit Nubius — dans la lettre par laquelle il annonce à Volpe, qu’il va prendre en mains le timon de la Vente suprême, — le succès de notre œuvre dépend du plus profond mystère ; et dans les Ventes nous devons trouver l’initié, comme le chrétien de l’Imitation, toujours prêt « à aimer à être inconnu et à n’être compté pour rien. »


Ce n’étaient point seulement les personnages qui composaient la Haute-Vente qui devaient s’envelopper de ténèbres, mais la Haute-Vente elle-même. Jusqu’à son existence, tout devait rester inconnu aux Ventes et aux Loges, qui cependant recevaient d’elle la direction et l’impulsion. Nubius, Volpe et les autres étaient accrédités personnellement auprès d’elles ; elles obéissaient à un mot, à un signe de ces privilégiés de la secte ; mais tout ce qu’elles savaient, c’est qu’il fallait exécuter les ordres donnés sans en connaître ni l’origine ni le but. Ces ordres par lesquels était gouvernée l’Europe souterraine étaient ainsi mystérieusement transmis, de degrés en degrés, jusqu’à la Loge la plus reculée.

Mazzini, l’âme du Carbonarisme d’où avaient été tirés les quarante, Mazzini lui-même ne put percer ce mystère. « Par l’instinct de sa nature profondément vicieuse, dit Crétineau-Joly, Mazzini se douta