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tort), que la Révolution a changé de marche et de tactique. Elle n’attaque plus à main armée les trônes et les autels, elle se contentera de les miner. »

Le Conseil suprême doit bien s’applaudir d’avoir recommandé l’usage de ce procédé il y a trois quarts de siècle ; il voit, nous voyons en quelle situation son emploi nous a mis. Et cela peu à peu, sans que l’on songeât à ouvrir les yeux.

« Ici, disait encore le même cardinal au même prince, j’entretiens chaque jour les ambassadeurs de l’Europe des dangers futurs que les sociétés secrètes préparent à l’ordre à peine reconstitué, et je m’aperçois que l’on ne me répond que par la plus belle indifférence ». Léon XII répandait les mêmes plaintes dans le sein du cardinal Bernetti : « Nous avons averti les princes, et les princes dorment encore. Nous avons averti leurs ministres, et leurs ministres n’ont pas veillé. Nous avons annoncé aux peuples les calamités futures, et les peuples ont fermé les yeux et les oreilles[1]. »


Non seulement la Haute-Vente, en tant que société, devait marcher avec la plus grande circonspection, mais il était recommandé à chacun de ses ouvriers d’user eux-mêmes de la prudence la plus avisée. « Vous devez avoir l’air d’être simples comme des colombes, disaient les Instructions aux Quarante, mais vous serez prudents comme le serpent. » La prudence ainsi recommandée consistait tout d’abord à se conduire de telle sorte que jamais le moindre soupçon sur ce qu’ils étaient et sur ce qu’ils faisaient, ne pût naître dans l’esprit de personne. « Vous savez, continuent les mêmes Instructions, que la

  1. Crétineau-Joly : L’Église romaine en face de la Révolution, II, p. 141.