Page:Delassus - La conjuration antichrétienne - Tome 2.djvu/58

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moindre révélation, le plus petit indice, peut entraîner de grands malheurs, et que c’est son arrêt de mort que signe le révélateur volontaire ou involontaire. »

Le rôle qui leur était assigné leur rendait d’ailleurs cette discrétion plus facile qu’à d’autres. Ils n’avaient point, comme Mazzini et ses sicaires, à jouer du poignard, à faire éclater les émeutes, à provoquer les révolutions. Leur affaire était d’agir sur les esprits pour les pervertir, employer la parole et l’écriture à la séduction des personnes et à la propagande des idées. Ils étaient dans la franc-maçonnerie à la tête de ce que l’on a appelé l’armée des pacifiques ou des intellectuels, composée des journalistes, des universitaires, des parlementaires qui travaillent l’opinion et qui préparent les uns à faire, les autres à accepter les lois forgées dans le dessein d’asservir l’Église en attendant qu’elle puisse être anéantie[1].

Le soin de cacher jusqu’à l’existence de la Haute-Vente, et de détourner tout soupçon des personnes

  1. Un avocat saxon, d’une rare vigueur d’esprit et d’une grande érudition, M. Eckert, a employé sa vie à dévoiler les mystères des sociétés secrètes et à mettre au jour de précieux documents sur leur action. Il dit : « Toutes les révolutions modernes prouvent que l’ordre est divisé en deux parties distinctes, l’une Pacifique, l’autre Guerrière. La première n’emploie qrie la parole et l’écriture. Elle conquiert au profit de l’Ordre toutes les places dans les Etats et les Universités, toutes les positions influentes. Elle séduit les masses, domine l’opinion publique au moyen de la presse et des associations. Dès que la division pacifique a poussé ses travaux assez loin pour qu’une attaque violente ait des chances de succès dans un temps peu éloigné ; lorsque les passions sont enflammées, lorsque l’autorité est suffisamment affaiblie, ou que les postes importants sont occupés par des traîtres, la division guerrière reçoit l’ordre de déployer son activité. L’existence de la division belligérante est inconnue à la grande partie des membres de l’autre division. »