Page:Delassus - La conjuration antichrétienne - Tome 2.djvu/71

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quelquefois une heure de la matinée avec le vieux cardinal délia Somaglia, le secrétaire d’État ; je monte à cheval soit avec le duc de Laval, soit avec le prince Cariati ; je vais, après la messe, baiser la main de la princesse Coria où je rencontre assez souvent Bernetti (le cardinal qu’ils redoutaient le plus). De là je cours chez le cardinal Palotta ; puis je visite dans leurs cellules le procureur général de l’Inquisition, le dominicain Jaulot, le théatin Ventura, ou le franciscain Orioli. Le soir, je commence chez d’autres cette vie d’oisiveté si bien occupée aux yeux du monde et de la cour ; le lendemain, je reprends cette chaîne éternelle. »

Dans ces visites, dans ces conversations, il ne perdait jamais de vue la mission qu’il avait reçue, le but qu’il s’était proposé d’atteindre. Ceux de ses complices qui se trouvaient à Rome faisaient de même, dans la mesure où leur situation le leur rendait possible. Qui aurait pu s’imaginer, dit Crétineau-Joly, que ces patriciens, riches, considérés, vivant dans l’intimité des cardinaux, et ne s’occupant dans leurs conversations qu’à améliorer les mœurs et les lois par le progrès, pouvaient dans l’ombre tramer un complot contre l’Église ! Leur notoriété bien avérée les mettait à l’abri de tout soupçon. Ils se disaient libéraux, mais avec l’Église et par l’Église et encore plutôt par contenance que par entraînement. »

Nubius nous donne lui-même un spécimen de sa manière d’être auprès des princes de l’Église pour mieux les trahir. Deux carbonari avaient été condamnés à mort pour complot suivi de meurtre. Ils montent à l’échafaud sans ’être réconciliés avec Dieu. Targhini, du haut de l’échafaud, s’écrie : « Peuple,