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mouvement, d’opérer certains rapprochements et de laisser ensuite agir les propriétés de la matière. »

C’est cette généralisation que n’avaient faite ni Smith ni Condillac, et c’est à cause de cette vue incomplète que chacun d’eux a été conduit à des conséquences erronées, quoique différant suivant les tendances particulières et les préférences intimes de l’un et de l’autre philosophes. Adam Smith aimait naturellement l’agriculture ; il avait été élevé dans la campagne, au milieu d’une population agricole assez éclairée, dans une contrée où la fertilité du sol donnait aux habitants une modeste aisance. De plus, il affectionnait, par tempérament, le calme et la tranquillité de la vie des champs, l’indépendance qu’elle procure ; il appréciait la saine morale et le gros bon sens de ces populations rurales dans lesquelles il voyait une force pour la nation et un gage de stabilité pour les institutions politiques. Enfin, ses relations avec lord Kames, le célèbre agronome, ses rapports mêmes avec les économistes avaient accru encore sa sympathie pour l’industrie agricole, et Il manifeste à chaque occasion, dans le cours de ses Recherches, une partialité bien visible à son égard.


Après l’agriculture, c’est la production manufacturière qui a, selon lui, les plus heureux effets sur la richesse d’une nation ; puis vient le commerce en gros, enfin le commerce de détail. Il subdivise même le commerce en gros en trois branches, comparant l’utilité de chacune d’elles au point de vue de l’essor et de l’encouragement donnés au travail national et à l’augmentation des richesses.

Il distingue ainsi :

1° Le commerce intérieur, dont la fonction est d’acheter dans un endroit du pays pour revendre dans un autre endroit du même pays, les produits de l’industrie nationale ;

2° Le commerce étranger de consommation, que nous appelons de nos jours le commerce d’importation et qui a pour objet l’achat de matières étrangères pour la consommation intérieure ;

3° Le commerce de transport, qui a pour objet l’échange entre deux pays étrangers et qui transporte dans chacun d’eux le superflu de l’autre.