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Page:Delatour - Adam Smith sa vie, ses travaux, ses doctrines.djvu/294

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oblige le peuple à payer, de l’autre il diminue ou peut-être il anéantit quelques-unes des sources qui pourraient le mettre plus aisément dans le cas de le faire. — 3° Par les confiscations, amendes et autres peines qu’encourent ces malheureux qui succombent dans les tentatives qu’ils ont faites pour éluder l’impôt, il peut souvent les ruiner et par là anéantir le bénéfice qu’eût recueilli la société de l’emploi de leurs capitaux. Un impôt inconsidérément établi offre un puissant appât à la fraude. Or, il faut accroître les peines de la fraude à proportion qu’augmente la tentation de frauder. La loi, violant alors les premiers principes de la justice, commence par faire naître la tentation et punit ensuite ceux qui y succombent, et, ordinairement, elle renchérit aussi sur le châtiment à proportion qu’augmente la circonstance même qui devrait le rendre plus doux, c’est-à-dire la tentation de commettre le crime. — 4° L’impôt, en assujettissant le peuple aux visites réitérées et aux recherches odieuses des collecteurs, peut l’exposer à beaucoup de peines inutiles, de vexations et d’oppressions, et quoique, rigoureusement parlant, les vexations ne soient pas une dépense, elles équivalent certainement à la dépense au prix de laquelle un homme consentirait volontiers à s’en racheter. »

Il est inutile d’insister sur les deuxième et quatrième préceptes, à l’égard desquels nous croyons avoir fait suffisamment connaître la doctrine de Smith lors de l’examen du système mercantile. L’État ne doit pas, dans un but fiscal pas plus que dans un but économique, modifier les rapports qui existent entre les diverses branches de la production ou entre la production et la consommation ; il doit veiller avec soin, au contraire, à ce que l’impôt ne vienne pas rompre cet équilibre, soit en chargeant trop pesamment une des classes de la nation, soit en changeant arbitrairement les relations de l’offre et de la demande. La réduction des frais de perception a également une importance considérable, qui apparaît d’elle-même, mais que les gouvernements sont d’ordinaire peu enclins à appliquer. Quant au précepte qui concerne la fraude, il a un intérêt tout particulier, non seulement aux yeux de l’économiste, mais encore aux yeux du moraliste, et le Dr Smith, en le recommandant, ne se place pas uniquement à un point de vue fiscal, il se place aussi au point