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Page:Delavigne - Œuvres complètes, volume 4, Didot, 1881.djvu/10

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ciante Italie, où les générations passent du sommeil à la mort sous le plus beau ciel du monde et parmi les débris de la plus grande histoire du passé. Là, il interrogea la Sibylle qui répondait jadis à Énée ; mais il vit que les noms de Liberté et de Patrie n’avaient plus d’écho, même chez la Sibylle. Il s’arrêta sur les lagunes de Venise ; il vit t’herbe.qui désunit les degrés de ses palais, le Rialto désert, le lion de Saint-Marc que nos armées avaient enlevé à Venise dégénérée, et que l’Autriche lui a rendu, mais pour écraser les pâles descendants des époux de l’Adriatique, en face du vieil emblème de leur puissance.

La France était alors occupée à remplir un pieux et douloureux devoir ; elle assistait, aux funérailles du général Foy. La nouvelle en vint à notre poëte, lorsqu’il était à Rome, promenant ses rêveries du Célius au Palatin, et contemplant les flots d’or qu’épanche à son coucher un soleil d’Italie. Alors il détourna ses regards du spectacle de la ville éternelle, et il suivit avec nous le convoi de l’homme libre, qui était mort à la peine en défendant les franchises populaires ; il chanta sur les tombeaux des grands hommes de la Rome antique ; cet homme pleuré par tout un peuple, et il sentit dans son cœur un noble orgueil en voyant sa patrie donner au passé et à l’avenir cette grande leçon de reconnaissance nationale assis près des débris d’un peuple mort, il cessa un moment de s’attendrir sur ces jeux de la fortune pour se recueillir dans la pensée de son pays, et pour envoyer à un peuple plein de mouvement et de vie le tribut de son poète bien-aimé. Ainsi, à trois cents lieues de la France, au milieu des distractions du voyage, dans un monde plein de souvenirs, il n’oubliait pas sa sainte mission et il se faisait encore l’interprète du peuple dans cet hommage funèbre rendu à un homme qui