Page:Delavigne - Œuvres complètes, volume 4, Didot, 1881.djvu/29

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Honneur à ses hauts faits ! Guerriers, honneur à vous !
Chante, heureuse Orléans, les vengeurs de la France,
Chante ta délivrance :
Les assaillants nombreux sont tombés sous leurs coups.
Que sont-ils devenus ces conquérants sauvages
Devant le fer vainqueur qui combattait pour nous ?…
Ce que deviennent des nuages
D’insectes dévorants dans les airs rassemblés,
Quand un noir tourbillon élancé des montagnes
Disperse en tournoyant ces bataillons ailés,
Et fait pleuvoir sur nos campagnes
Leurs cadavres amoncelés.

Aux yeux d’un ennemi superbe
Le lis a repris ses couleurs ;
Ses longs rameaux courbés sous l’herbe
Se relèvent couverts de fleurs.
Jeanne au front de son maître a posé la couronne.

A l’attrait des plaisirs qui retiennent ses pas
La noble fille l’abandonne :
Délices de la cour, vous n’enchaînerez pas
L’ardeur d’une vertu si pure ;
Des armes, voilà sa parure,
Et ses plaisirs sont les combats.

Ainsi tout prospérait à son jeune courage.
Dieu conduisit deux ans ce merveilleux ouvrage.
Il se plut à récompenser
Pour la France et ses rois son amour idolâtre,
Deux ans il la soutint sur ce brillant théâtre,
Pour apprendre aux anglais, qu’il voulait abaisser
Que la France jamais ne périt tout entière,
Que, son dernier vengeur fût-il dans la poussière,
Les femmes, au besoin, pourraient les en chasser.