Page:Delavigne - Œuvres complètes, volume 4, Didot, 1881.djvu/40

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— Qui t’osera poursuivre au sein de ma cité ?
— Des rois. — Quand viendront-ils ? — Demain. — De quel côté ?
— De tous… Eh bien ! Pour moi tes portes s’ouvrent-elles ?
— Entre ; quel est ton nom ? — Je suis la Liberté !

Recevez-la, remparts antiques,
Par elle autrefois habités ;
Au rang de vos divinités
Recevez-la, sacrés portiques ;
Levez-vous, ombres héroïques,
Faites cortége à ses côtés.
Beau ciel napolitain, rayonne d’allégresse ;
Ô terre, enfante des soldats ;
Et vous, peuples, chantez ; peuples, c’est la déesse
Pour qui mourut Léonidas.

Sa tête a dédaigné des ornements futiles :
Les siens sont quelques fleurs qui semblent s’entr’ouvrir ;
Le sang les fit éclore au pied des thermopyles :
Deux mille ans n’ont pu les flétrir.

Sa couronne immortelle exhale sur sa trace
Je ne sais quel parfum dont s’enivre l’audace ;
Sa voix terrible et douce a des accents vainqueurs,
Qui ne trouvent point de rebelle ;
Ses yeux d’un saint amour font palpiter les cœurs,
Et la vertu seule est plus belle.

Le peuple se demande, autour d’elle arrêté,
Comment elle a des rois encouru la colère.
« Hélas ! Répond cette noble étrangère,
Je leur ai dit la vérité.
Si jamais sous mon nom l’imprudence ou la haine
Ébranla leur pouvoir, que je veux contenir,
Est-ce à moi d’en porter la peine ?
Est-ce aux Germains à m’en punir ?