Page:Delavigne - Œuvres complètes, volume 4, Didot, 1881.djvu/42

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« Ô fille de Neptune, ô Venise, ô cité
Belle comme Vénus, et qui sortis comme elle
De l’écume des flots, surpris de ta beauté,
Épouvante Albion d’une splendeur nouvelle.
Doge, règne en mon nom ; sénat, reconnais-moi ;
Réveille-toi, Zéno ; Pisani, lève-toi :
C’est la liberté qui t’appelle. »

Elle dit : à sa voix s’agite un peuple entier.
Dans la fournaise ardente
Je vois blanchir l’acier :
J’entends le fer crier
Sous la lime mordante ;
L’enclume au loin gémit, l’airain sonne, un guerrier
Prépare à ce signal sa lance menaçante,
Un autre son coursier.

Le père chargé d’ans, mais jeune encor d’audace,
Arme son dernier fils, le devance et prend place
Au milieu des soldats.
Arrêté par sa sœur qui rit de sa colère,
L’enfant dit à sa mère :
Je veux mourir dans les combats.

Que n’auraient-ils pas fait, ceux en qui la vaillance
Avait la force pour appui ?
Quel homme dans la fuite eût mis son espérance,
Et quel homme aurait craint pour lui
Cette mort que cherchaient la vieillesse et l’enfance ?

Ils s’écrièrent tous d’une commune voix :
« Assis sous ton laurier que nous courons défendre,
Virgile, prends ta lyre et chante nos exploits ;
Jamais un oppresseur ne foulera ta cendre. »
Ils partirent alors ces peuples belliqueux,
Et trente jours plus tard, oppresseur et tranquille,