Page:Delavigne - Œuvres complètes, volume 4, Didot, 1881.djvu/45

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C’en est fait, et ces jours que sont-ils devenus,
Où le cygne argenté, tout fier de sa parure,
Des vierges dans ses jeux caressait les pieds nus,
Où tes roseaux divins rendaient un doux murmure,
Où réchauffant Léda pâle de volupté,
Froide et tremblante encore au sortir de tes ondes,
Dans le sein qu’il couvrait de ses ailes fécondes,
Un dieu versait la vie et l’immortalité ?

C’en est fait ; et le cygne, exilé d’une terre
Où l’on enchaîne la beauté,
Devant l’éclat du cimeterre
A fui comme la liberté.

O sommets de Taygète, ô rives du Pénée,
De la sombre Tempé vallons silencieux,
Ô campagnes d’Athène, ô Grèce infortunée,
Où sont pour t’affranchir tes guerriers et tes dieux ?

Ils sont sur tes débris ! Aux armes ! Voici l’heure
Où le fer te rendra les beaux jours que je pleure !
Voici la Liberté, tu renais à son nom ;
Vierge comme Minerve, elle aura pour demeure
Ce qui reste du Parthénon.

Des champs de Sunium, des bois du Cythéron,
Descends, peuple chéri de Mars et de Neptune !
Vous, relevez les murs ; vous, préparez les dards !
Femmes, offrez vos vœux sur ces marbres épars :
Là fut l’autel de la fortune.
Autour de ce rocher rassemblez-vous, vieillards :
Ce rocher portait la tribune ;
Sa base encor debout parle encore aux héros
Qui peuplent la nouvelle Athènes :
Prêtez l’oreille… Il a retenu quelques mots
Des harangues de Démosthènes.