Page:Delavigne - Œuvres complètes, volume 4, Didot, 1881.djvu/52

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Et je vogue, averti par eux
Que loin de toi le vent m’entraîne.

« Doux pays, bois sacrés, beaux lieux,
Je pars, et pour toujours peut-être ! »
Disait un grec dans ses adieux
À Cypre qui l’avait vu naître ;

« Sur vos rives la liberté,
Ainsi que la gloire, est proscrite ;
Je pars, je les suis, et je quitte
Le beau ciel qu’elles ont quitté. »

Il chercha la liberté sainte
D’Agrigente aux vallons d’Enna ;
Sa flamme antique y semble éteinte,
Comme les flammes de l’Etna.

À Naple, il trouva son idole
Qui tremblait un glaive à la main ;
Il vit Rome, et pas un Romain
Sur les débris du capitole !

O Venise, il vit tes guerriers ;
Mais ils ont perdu leur audace
Plus vite que tes gondoliers
N’ont oublié les vers du Tasse.

Il chercha sous le ciel du nord
Pour les Grecs un autre Alexandre…
Ah ! Dit-il, le Phénix est mort,
Et ne renaît plus de sa cendre !

A Vienne, il apprit dans les rangs
Des oppresseurs de l’Ausonie
Que le succès change en tyrans