Page:Delavigne - Œuvres complètes, volume 4, Didot, 1881.djvu/55

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Où flotte le duvet sanglant
De quelque plume fugitive.

L’oiseau reconnaît ces débris ;
Il suit le flot qui les emporte,
Rase l’onde en poussant des cris,
Plonge et meurt… Où sa mère est morte.



VI

À Napoléon


 
De lumière et d’obscurité,
De néant et de gloire étonnant assemblage,
Astre fatal aux rois comme à la liberté ;
Au plus haut de ton cours porté par un orage,
Et par un orage emporté,
Toi, qui n’as rien connu, dans ton sanglant passage,
D’égal à ton bonheur que ton adversité ;

Dieu mortel, sous tes pieds les monts courbant leurs têtes
T’ouvraient un chemin triomphal ;
Les éléments soumis attendaient ton signal :
D’une nuit pluvieuse écartant les tempêtes,
Pour éclairer tes fêtes,
Le soleil t’annonçait sur son char radieux ;
L’Europe t’admirait dans une horreur profonde,
Et le son de ta voix, un signe de tes yeux,
Donnaient une secousse au monde.

Ton souffle du chaos faisait sortir les lois ;
Ton image insultait aux dépouilles des rois,
Et, debout sur l’airain de leurs foudres guerrières,
Entretenait le ciel du bruit de tes exploits.