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Page:Delavigne - Œuvres complètes, volume 4, Didot, 1881.djvu/8

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Louis XVIII, dont on fait tour à tour une lettre morte ou une lettre à double sens, parait se recueillir sous le ministère faible et froid de M. de Richelieu, comme pour se préparer à traverser les six années de 51. de Villèle. La politique de l’Angleterre, ici se cache, là se laisse voir, fait son profit du mal comme du bien ; et pendant que de petits hommes d’État, réunis en congrès à Laybach, décident que la révoution napolitaine n’a été qu’une émeute, celui qui, du rocher où il était enchaîné, tenait encore le monde en haleine, meurt, faute d’air et d’espace, captif d’un geôlier anglais !

Au bruit de la révolution de Naples, la conspiration du Piémont avait éclaté ; or, entre le premier acte et la catastrophe il ne se passa qu’un mois. On n’en sut rien en France, car nous avions alors la censure, cette vie artificielle des mauvais gouvernements. Si j’ai bien consulté les journaux du temps, on leur laissa dire qu’une douzaine d’écoliers de l’université avaient paru au spectacle couverts d’un bonnet rouge, et. qu’on avait arrêté plus tard une centaine, de têtes folles tentant de la sédition à Alexandrie. Il en coûta quelques sacs de florins à l’Autriche et une ombre de guerre. La révolte apaisée et le niveau passé, tout rentra dans le silence.

Vers le même temps, la Grèce, la belle Grèce d’Homère, secouait les chaînes dont elle était chargée depuis trois siècles. Cette terre, où le voyageur cherchait des débris de monuments et non des hommes, commençait à retrouver des générations qui n’avaient pas peur de mourir, et prouvait qu’elle n’était qu’endormie quand on la croyait descendue dans la tombe. Partout des tentatives généreuses, partout du sang versé pour la sainte cause des libertés humaines, partout d’éclatants efforts pour hâter un meilleur avenir, témoignaient hautement que l’heure était ar-