Page:Delavigne - Œuvres complètes, volume 4, Didot, 1881.djvu/80

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L’aigle, tranquille et fier, se mesure des yeux,
Essaie, eu les ouvrant, si ses ongles fidèles
A sa colère obéiront encor,
Et, pour battre les airs, étend deux fois ses ailes
Avant de prendre son essor.

Témoin de ces apprêts, debout sous la misaine,
Il part, disais-je, il part ; mais doit-il affranchir
Les généreux enfants de Sparte et de Mécène ?
Doit-il sous un pacha les contraindre à fléchir ?
Pour qui grondera son tonnerre ?
A ce peuple persécuté
Porte-t-il dans ses flancs où la paix ou la guerre,
L’esclavage ou la liberté ?

La liberté, sans doute !… et la Grèce est mourante ;
Son sang coule et s’épuise. Ah ! qu’il parte ! il est temps
De sauver, d’arracher au sabre des sultans
La victime encor palpitante.
Quand je la vois toucher à ses derniers instants,
Il fatigue mon cœur d’une trop longue attente.

Comme toi menaçant, et comme toi muet,
Vésuve, que fait-il sous ton double sommet,
Qui, trompant mon espoir par la vapeur légère
Que ta bouche béante exhale vers les cieux,
Fume éternellement sans éblouir mes yeux
Du spectacle de ta colère ?

Dors, volcan imposteur, par les ans refroidi,
Dors, et sois pour l’enfance un objet de risée ;
Vieillard, sous la cendre engourdi,
Je suis las d’insulter à ta lave épuisée ;
Mais qu’il tonne du moins ce Vésuve flottant,
Moins avare que loi des flammes qu’il recèle !
Que son courroux tardif soit juste en éclatant