Page:Delavigne - Œuvres complètes, volume 4, Didot, 1881.djvu/81

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Sur les mers du Bosphore où Canaris l’appelle !

Quand il fendra les flots, si souvent éclairés
Par des esquifs brûlants qui vengeaient la patrie.
S’il faut une étincelle à sa flamme assoupie,
Qu’elle s’allume aux feux de ces brandons sacrés
Que la Grèce avait préparés
Pour les flottes d’Alexandrie !

Mais non ; son seul aspect sous les murs ottomans
Fera triompher la croix sainte ;
Il verra du sérail trembler les fondements,
Les flots de Marmara se troubleront de crainte,
Et, sans contraindre Athène à payer un succès
Qui l’arrache expirante au joug de l’infidèle,
Si l’Anglais la délivre, au moins quelques Français
Auront versé leur sang pour elle.

Toi qu’ils ont devancé dans ton noble dessein,
Vaisseau libérateur, reçois-moi sur ton sein ;
Pars, va me déposer sous ces blanches colonnes
Où Socrate inspirait les discours de Platon.
Mes yeux verront flotter les premières couronnes
Que les Grecs vont suspendre aux murs du Parthénon.
Laisse-moi, sous des fleurs et sous de verts feuillages
Consacrés par mes mains à ses dieux exilés,
Laisse-moi cacher les outrages
De ses marbres vainqueurs de la guerre et des âges
Que votre Elgin a mutilés.

Je les verrai, ces morts qui vivent dans l’histoire,
Pour saluer des jours si beaux,
Renaître et soulever les trois mille ans de gloire
Dont le temps chargea leurs tombeaux ;
Et moi, chantant comme eux ces jours de délivrance,.
J’irai mêler la voix, l’hymne à peine écouté