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Page:Delavigne - Œuvres complètes, volume 4, Didot, 1881.djvu/84

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« Tandis que sur ces mers les jeux de Rome esclave,
« Retraçant Actiura à ce pâle vainqueur,
« Faisaient sourire Auguste au triomphe d’Octave !

« Ces monuments pompeux, tous ces palais romains,
« Où triomphaient l’orgueil, l’inceste et l’adultère,
« De la vaine grandeur dont ils lassaient la terre
« N’ont gardé que des noms en horreur aux humains.
« Les voilà, ces arceaux désunis et sans gloire
« Qui de Caligula rappellent la mémoire !
« Vingt siècles les ont vus briser le fol orgueil
« Des mers qui les couvraient d’écume et d’étincelles,
« Leur chaîne s’est rompue et n’est plus qu’un écueil
« Où viennent des pécheurs se heurter les nacelles.

« Ces temples du plaisir par la mort habités,
« Ces portiques, ces bains prolongés sous les ondes,
« Ont vu Néron, caché dans leurs grottes profondes,
« Condamner Agrippine au sein des voluptés.
« Au bruit des flots, roulant sur cette voûte humide,
« Il veillait, agité d’un espoir parricide !
« Il lançait à Narcisse un regard satisfait,
« Quand, muet d’épouvante et tremblant de colère,
« Il apprit que ces flots, instrument du forfait,
« Se soulevant d’horreur, lui rejetaient sa mère.

« Tout est mort : c’est la mort qu’ici vous respirez :
« Quand Rome s’endormit de débauche abattue,
« Elle laissa dans l’air ce poison qui vous tue ;
« Il infecte les lieux qu’elle a déshonorés.
« Telle, après les banquets de ces maîtres du monde,
« S’élevait autour d’eux une vapeur immonde
« Qui pesait sur leurs sens, ternissait les couleurs
« Des fastueux tissus Où retombaient leurs têtes,
« Et fanait à leurs pieds sur les marbres en pleurs,
« Les roses dont Pestum avait jonché ces fêtes.