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Page:Delavigne - Œuvres complètes, volume 4, Didot, 1881.djvu/99

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Ému d’un saint respect, je l’admire et m’écrie :

« Chantre de ces guerriers fameux,
« Grand homme, ô Corneille, ô mon maître,
« Tu n’as pas habité comme eux
« Cette Rome où tu devais naître ;
« Mais les dieux t’avaient au berceau
« Révélé sa grandeur passée,
« Et sans fléchir sous ton fardeau,
« Tu la portais dans ta pensée !

« Ah ! tu dois errer sur ces bords,
« Où le Tibre te rend hommage !
« Viens converser avec les morts
« Dont ta main retraça l’image.
« Viens, et, ranimés pour te voir,
« Ils vont se lever sur tes traces ;
« Viens, grand Corneille, viens t’asseoir
« Au pied du tombeau des Horaces !

« De quel noble-frémissement
« L’orgueil doit agiter ton âme,
« Lorsque sur ce froid monument
« De tes vers tu répands la flamme !
« Il tremble, et dans son sein profond
« J’entends murmurer sur la terre
« Deux fils morts, dont la voix répond
« Au qu’il mourût de leur vieux père.

« Beau comme ces marbres vivants
« Dont l’art enfanta les merveilles,
« Ton front vaste abandonne aux vents
« Ses cheveux blanchis par les veilles ;
« Et quand les fils de Romulus
« Autour de toi couvrent ces plaines,
« Je crois voir un Romain de plus