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Page:Delavigne - Œuvres complètes, volume 4, Didot, 1881.djvu/98

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« Comme je sens celle du Dieu
« Qui remplit ta coupole immense.

« Je vous revois, parvis sacrés [1]
« Qu’un poète a rendus célèbres !
« Je foule les noms ignorés
« Qui chargent vos pavés funèbres,
« Et de tous ces tombeaux obscurs
« Le marbre qui tient tant de place,
« Laisse à peine un coin dans vos murs
« Pour la cendre et le nom du Tasse !

« Cloître désert, sous les arceaux
« Mourut l’amant d’Éléonore,
« Près du chêne dont les rameaux
« Devaient pour lui verdir encore.
« Avant l’âge ainsi meurt Byron ;
« Un même trépas les immole :
« L’un tombe au seuil du Parthénon,
« Et l’autre au pied du Capitole… »

Je les pleurais tous deux, et je sentis ma voix
Mourir avec leurs noms sur mes lèvres tremblantes ;
Je sentis les accords s’affaiblir sous mes doigts,
Pareils au bruit plaintif, aux notes expirantes
Qui se perdent dans l’air, quand du Miserere
Les sous au Vatican s’éteignent par degré.
Jaloux pour mon pays, je cherchais en silence
Quels noms il opposait à ces noms immortels ;
Il m’apparaît alors, celui dont l’éloquence
Des demi-dieux romains releva les autels :
Le Sophocle français, l’orgueil de sa patrie,
L’égal de ses héros, celui qui crayonna
L’âme du grand Pompée et l’esprit de Cinna ;

  1. L’église et le couvent de Saint-Onuphre, où mourut le Tasse.