Page:Delavigne - Œuvres complètes, volume 5, Didot, 1881.djvu/125

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Dont l’eau n’a point de mouvement,
     Point de murmure.

L’air n’entr’ouvre sous sa tiédeur
Que fleurs qui, presque sans odeur,
Comme les lis ont la candeur
     De l’innocence ;
Sur leur sein pâle et sans reflets
Languissent des oiseaux muets :
Dans le ciel, l’onde et les forêts,
     Tout est silence.

Loin de Dieu, là, sont renfermés
Les milliers d’êtres tant aimés,
Qu’en ces bosquets inanimés
     La tombe envoie.
Le calme d’un vague loisir,
Sans regret comme sans désir,
Sans peine comme sans plaisir,
     C’est là leur joie.

Là, ni veille ni lendemain !
Ils n’ont sur un bonheur prochain,
Sur celui qu’on rappelle en vain,
     Rien à se dire.
Leurs sanglots ne troublent jamais
De l’air l’inaltérable paix ;
Mais aussi leur rire jamais
     N’est qu’un sourire.

Sur leurs doux traits que de pâleur !
Adieu cette fraîche couleur
Qui de baiser leur joue en fleur
     Donnait l’envie !
De leurs yeux, qui charment d’abord,
Mais dont aucun éclair ne sort,