Aller au contenu

Page:Delavigne - Œuvres complètes, volume 5, Didot, 1881.djvu/126

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Le morne éclat n’est pas la mort,
     N’est pas la vie.

Rien de bruyant, rien d’agité
Dans leur triste félicité !
Ils se couronnent sans gaîté
     De fleurs nouvelles.
Ils se parlent, mais c’est tout bas ;
Ils marchent, mais c’est pas à pas ;
Ils volent, mais on n’entend pas
     Battre leurs ailes.

Parmi tout ce peuple charmant,
Qui se meut si nonchalamment,
Qui fait sous son balancement
     Plier les branches,
Quelle est cette ombre aux blonds cheveux,
Au regard timide, aux yeux bleus,
Qui ne mêle pas à leurs jeux
     Ses ailes blanches ?

Elle arrive, et, fantôme ailé,
Elle n’a pas encor volé ;
L’effroi dont son cœur est troublé,
     J’en vois la cause :
N’est-ce pas celui que ressent
La colombe qui, s’avançant
Pour essayer son vol naissant,
     Voudrait et n’ose ?

Non ; dans ses yeux roulent des pleurs.
Belle enfant, calme tes douleurs ;
Là sont des fruits, là sont des fleurs
     Dont tu disposes.
Laisse-toi tenter, et, crois-moi,
Cueille ces roses sans effroi ;