Page:Delavigne - Œuvres complètes, volume 5, Didot, 1881.djvu/127

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Car, bien que pâles comme toi,
     Ce sont des roses.

Triomphe en tenant à deux mains
Ta robe pleine de jasmins ;
Et puis, courant par les chemins,
     Va les répandre.
Viens, tu prendras en le guettant
L’oiseau qui, sans but voletant,
N’aime ni ne chante, et partant
     Se laisse prendre.

Avec ces enfants tu joûras ;
Viens, ils tendent vers toi les bras ;
On danse tristement là-bas,
     Mais on y danse.
Pourquoi penser, pleurer ainsi ?
Aucun enfant ne pleure ici,
Ombre rêveuse ; mais aussi
     Aucun ne pense.

Dieu permet-il qu’un souvenir
Laisse ton cœur entretenir
D’un bien qui ne peut revenir
     L’idée amère ?
« — Oui, je me souviens du passé
Du berceau vide où j’ai laissé
Mon rêve à peine commencé,
     Et de ma mère. »